• Quand on rompt un long silence, il faut que ce que l'on va dire en vaille la peine, car ce sera d'autant plus remarqué que le silence aura été long. Je n'ai rien à dire, du fait de mon aphasie et du fait qu'il n'y a positivement rien à dire, mais je me lasse de voir toujours la même page et ne voudrais pas augmenter encore la durée du silence, qui me le rendra encore plus ardu à rompre. Je le romps sans raison, comme d'autres rompent le pain.

    Il y a deux choses en ce monde, les événements et la façon dont on les appréhende. Ce qui fait la « vie » comme ce qui fait ce que l'on vit, ce ne sont
    pas les événements, c'est la façon dont on les appréhende. C'est ainsi qu'un voyage autour de sa chambre est bien souvent plus riche que n'importe quelle pérégrination, aussi lointaine fût-elle.

    La façon d'appréhender les événements ressortit à la psyché et relève assurément de l'« inné ».


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  • Il faut être assez extérieur à soi-même pour se penser extérieur à soi-même.
    Si l'on n'est plus en soi-même, cela signifie-t-il qu'on n'est plus soi-même ? Non, on subit pareillement les maux qui échoient à soi-même. Mais, ou l'on est soi-même ou l'on n'est pas\plus soi-même ! Les deux semblent d'abord inconciliables, pourtant force est d'admettre que l'on peut s'extérioriser assez, que je le fais même tout naturellement, presque inconsciemment, en permanence et que l'on reste en soi-même puisque l'on en subit toutes les avaries… de son piètre état.

    C'est plus qu'inquiétant pour la suite, on peut donc être parfaitement extérieur
    à soi-même, la chair tout à fait pourrie et corrompue puis finalement les atomes éparpillés çà et là et pourtant toujours en soi-même et souffrant ! C'est ce qui serait le plus juste au fond car je ne vois pas en quoi aucun d'entre nous a mérité un meilleur sort. Nous sommes putrides dès le départ, par essence ; on ne peut perdre une essence, il est normal qu'elle reste quand tout le reste s'évanouit — et même si cette perspective n'est pas outre mesure réjouissante. Je dis que notre place à tous est de finir en enfer, et que même l'enfer d'ici est insuffisant pour héberger des âmes aussi blâmables.

    La question bien sûr est que si on est mauvais dès le départ il n'en va pas
    de notre faute, j'estime qu'il est trop facile de s'en tirer comme ça. Évidemment
    on choisit toujours la facilité, c'est pourtant le chemin de ronces qu'il faudrait privilégier chaque fois, et on n'en serait que bonifié — insuffisamment !

    C'est une bien amère découverte quand on s'avise dans les années dites d'insouciance, mais qui sont tout le contraire, que les autres, que l'on croyait meilleurs que soi-même, sont probablement encore pis. L'inconscience est considérée comme une qualité — indéniablement c'en est une, indispensable, pour se maintenir dans ce cloaque —, mais c'est une monstruosité au-delà
    de toute possible définition, véritablement ça dépasse tout ce que le langage humain est capable d'exprimer (tout le dépasse, du reste !), de sorte que je suis forcée d'interrompre cette phrase.

    C'est toujours merveilleux d'apprendre l'existence de mots que l'on ne soupçonnait pas et qui, en mettant un nécessaire terme à toute recherche de sens, nous obligent à suspendre notre questionnement terrestre. Ils devraient apporter soulagement et sérénité, en nous mettant devant le fait de notre incontournable ignorance, et pourtant… rien, nous n'en tirons aucun mieux-être, ni apaisement ni assoupissement, ils ne procurent qu'une ivresse passagère, tellement éphémère, qu'on voudrait prolonger, mais non l'on se retrouve devant les mêmes apories, avec la même impuissance et la même détresse. Il n'existe rien pour nous apaiser ici-bas, ce serait trop facile, et nous n'avons rien à gagner dans la voie de la facilité !

    En me mettant ainsi en scène, je m'objective, je me réduis au néant de ce que j'écris, c'était un risque (plus qu'un risque) à prendre, je m'y suis laissé tenter.
    Je n'avais rien à perdre au fond. Que me reste-t-il à perdre, je crains encore
    de perdre quelque chose ! mais je n'ai plus rien depuis bien longtemps.
    C'est insensé oui voilà le signe indéniable que je suis insensée.


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  • Où l'on voit que la naissance s'oppose à l'existence. Qu'il n'y a pas d'existence dans cette voie, que c'est condamné, sans issue, un cul-de-sac. Naître c'est donc n'être, c'est l'exact opposé de l'être.

    C'est le né-sens, l'absence de sens qui s'oppose au sens que renferme l'être. Naître et n'être sont égaux et équivalent à rien,
    au néant. Un néant-né en qui est douloureux cependant, toujours ce paradoxe du rien qui fait mal. Il y a donc quelque chose…

    « Je souffre donc je suis » n'apporte pourtant nulle consolation ;
    au contraire, puisqu'on se demande quand cessera la souffrance, car peut-on cesser d'être. Un cadavre ne fait pas le néant, il se rapproche probablement de l'être, à condition qu'il l'ait souhaité.

    On doit donc se défaire de l'être en produisant une nouvelle né-sens, on retourne alors au néant. C'est le cycle infernal des né-sens. Car un lieu de lumière n'a que faire du néant qui se complaît dans l'obscurantisme inconscient au point de vouloir le reproduire.

    Il est n'est, il n'est, comment ne voient-ils pas quand ils envoient leurs faire-part, comment ne voient-ils pas le non-sens,
    la contradiction risible dans les termes.


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